Saint-Omer. Bibliothèque d'agglomération, Ms. 78

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  • Titres attestés :
    • Alanus ab Insulis, Anticlaudianus
    • Florus Lugduensis, Expositio epistolarum beati Pauli
    • Galterius de Castellione, Alexandreis
    • Marci Annaei Lucani de bello ciuili libri decem
    • Recueil
  • Autre forme de la cote :
    • Saint-Omer, Bibliothèque d’agglomération, 0078
    • Bibliothèque d’agglomération, 0078
    • Bibliothèque d'agglomération, Ms. 78
    • Bibliothèque de l'Agglomération du Pays de Saint-Omer, Ms. 0078
    • Saint-Omer. Bibliothèque d'agglomération, Ms. 78
    • Saint-Omer, BM, 0078
  • Conservé à : Saint-Omer. Bibliothèque d'agglomération
  • Langues : latin
  • Date de fabrication :
  • Support : parchemin
  • Composition :
    • 144 ff.
  • Dimensions :
    Initiale
    445 x 310
    Bibliothèque numérique d’agglomération de Saint-Omer
    470 x 330 mm

Textes du manuscrit

Source des données : Initiale

Parties du manuscrit

Initiale

Intervenants

Ancien possesseur

Anciennement dans

Historique de la conservation

Source des données : Bibliothèque numérique d’agglomération de Saint-Omer

  • Cote ancienne:
    212 (Saint-Bertin)

Notes

Source des données : Bibliothèque numérique d’agglomération de Saint-Omer

  • Recueil hétérogène de 144 feuillets de parchemin, inscrits sur 46 lignes jusqu'au f. 68 et sur 55 lignes du f. 69 à 144. Réglure à la mine de plomb pour la première partie, à l'encre brune pour la seconde, inscrite au dessus de la première ligne et sur deux colonnes dans les deux cas. La première partie du manuscrit peut être datée des années 1160-1180, alors que la seconde partie est plus tardive, datant des années 1250-60.

    CONTENU

    _1°, ff 1-62 : Florus de Lyon, Expositio epistolarum beati Pauli. Ce florilège augustiniens sur trois des épîtres pauliniennes (II Cor., Gal. et Eph.) constituent la première partie du recueil. Il est très tôt imprimé avec les œuvres de Bède le vénérable, ce qui lui vaut d'être régulièrement porté au crédit de cet auteur. Mais depuis J. Mabillon (Vera Analecta, Paris, 1723, c. 488-489), il est rendu au diacre Florus, de Lyon (vers 816-855), dont on conserve le manuscrit original et partiellement autographe à la BM de Lyon, ms. 484. Dans notre manuscrits son attribution est confirmée par l'incipit du commentaire sur l'épître aux Galate où on lis : "collecta a Floro". Ce texte, en raison de sa source augustinienne, a beaucoup circulé au Moyen Âge, dont il constitue un ouvrage de référence. On en conserve d'ailleurs une autre copie à la BASO, ms. 208, provenant des armaria de l'abbaye Notre-Dame de Clairmarais. _2°, ff 63- : Alain de Lille (v. 1128-1202), Anticlaudianus de Antirufino. Ce poème encyclopédique composé vers 1182-1183, propose une allégorie morale de la classification des savoirs de son époque. Ce texte fut un véritable best-seller médiéval, qui fut abondamment copié et commenté, et qui servit de modèle à de nombreux autres poèmes savants par la suite. Il est adapté en français au XIIIe siècle par Ellebaut, un clerc du Nord de la France. _3°, ff 63-107v. : Gautier de Châtillon (vers 1135-1201), L'Alexandréide. Ce texte est considéré par les philologues comme et l'un des meilleurs poèmes épiques latin du Moyen Âge. Il est composé vers 1171-1176, en s'inspirant des styles des auteurs antiques et en particulier de Virgile, et devient rapidement un "classique" étudié dans les écoles au même titre que l'Eneide. D'ailleurs cet exemplaire audomarois a été abondamment annoté par une main du XVe siècle. On en compte encore plus de 200 exemplaires conservés. _4° : Lucain (39-65), Pharsale. Ce texte décrit les débuts de la guerre civile entre Jules César et Pompée, entre 49 et 45 av. n. è. Son titre vient de la ville grecque éponyme où se joua la victoire de César sur son rival. Il a longtemps été dénigré des classiques pour le caractère très coloré de son style qu'on a pu qualifier de "baroque" avant la lettre. Au Moyen Âge, le texte de Lucain est bien diffusé car, outre de fournir un exemple de poème épique, il est la seule source connue à l'époque qui rapporte les évènements des guerres de Jules César.

    DÉCOR

    Le décor de ce manuscrit est constitué d'une lettre ornée et habitée en tête du volume, de nombreuses initiales nues alternativement rouges et vertes jusqu'au f. 32v. A ce stade, le manuscrit a vraisemblablement été complété plus tard par des initiales nues, cette fois rouges et bleues, d'initiales émenchées et filigranées à partir du f. 31. Le dernier texte est également agrémenté d'initiales rehaussées des ff 108 à 118v., et au f. 141. La première lettre de ce manuscrit est de la main du Maître du Zacharie le Chrysopolitain, dont le style se retrouve dans plusieurs autres manuscrits de Saint-Bertin (St-Omer, BASO, mss 12-2, 30, 51, 73, 77, 95, 220 et Boulogne-sur-Mer, BM, mss 36 et 70). Il a également probablement influencé un certain nombre de suiveurs, dont on trouve la main dans des manuscrits de Notre-Dame de Clairmarais (mss 3, 114, 213 et 716-8). Son style très graphique témoigne d'une triple influence : l'art mosan, l'enluminure ottonienne et son goût pour le hiératisme byzantinisant, et aussi, bien que dans une moindre mesure, le Channel style. La majorité de sa production est uniquement dessinée à l'encre, sans ajout de couleur, et plusieurs éléments ornementaux font écho au vocabulaire ornemental de l'orfèvrerie. Ces constats ont amené les chercheurs à émettre l'hypothèse que cet artiste était à la fois enlumineur et orfèvre. Il montre également un goût prononcé pour le rendu naturaliste des corps dont il aime à souligner la musculature au moyen de petites touches de plume. Son art annonce la transition importante que l'on observe au tournant des XIIe et XIIIe siècles et que l'on a l’habitude d'appeler le "style 1200". Les lettres de couleur des ff 1 à 32v., sont dans le style aux protofiligranes, que l'on retrouve dans de nombreux manuscrits audomarois (voir ms. 33). Les deux grandes lettres P, émenchées et filigranées des f. 31 et 54, ainsi que le A plus petit du f. 63, sont des ajouts postérieurs, que l'on peut dater des années 1240-1260.

    ICONOGRAPHIE

    1°. Le personnage assis sur un tabouret décoré, adossé à la hampe du grand P du premier feuillet est difficile à identifier. Il porte des cheveux courts et une barbe fournie. Il est pieds nus, revêtu d'une longue tunique et d'un manteau drapé à l'antique, et tient de la main gauche ce qui semble être une livre appuyé sur sa cuisse, tandis que de la main droite il montre le texte de la page. Plus précisément, il désigne le terme "conscientiae" de la phrase "Nam gloria nostra haec est, testimonium conscientiae nostrae", soit : « Ce qui fait notre gloire, c'est le témoignage de notre conscience ». Il est donc fort probable que l'enlumineur a souhaité représenter l'Apôtre Paul, auteur de cette phrase, ce qui explique les pieds nus. Le livre qu'il a dans la main, et qui s’apparente plus a un bifeuillet, évoquerait alors ses épîtres qui sont la source du commentaire adjacent. Il est toutefois surprenant qu'il n'ait pas de nimbe. 2°. La grande lettre émenchée et filigranée du f. 31 est ornée dans sa panse d'une représentation en buste d'un personnage tonsuré trifons (à trois visages), surmontée d'un protomé léonin. La tradition des personnages à trois visages remonte au moins à l'antiquité. Le dieu Janus était parfois figuré de cette manière dans les temples qui lui était dédiés : le nombre de visages correspondant aux nombres de portes de l'édifice. Au Moyen Âge cette tradition perdure occasionnellement, lorsque l'on utilise la figure du Dieu comme personnification du temps qui passe : ses visages figurent alors le passé, le présent et l'avenir. Là encore il est difficile d'expliquer cette figure de manière certaine. Dans la mesure ou cette lettre ornée est un ajout postérieur à la rédaction du texte, il s'agit vraisemblablement d'un ornement anecdotique sans lien directe avec le texte. Toutefois, le texte qui évoque la double nature du Christ (humaine et divine), a peut être suggéré cette figure a plusieurs visages. 3°. on trouve également un visage tracé à la pointe sèche dans la marge inférieure du f. 89.

    RELIURE

    Ais de bois, couvrure refaite au XVIIIe siècle en mauvaise basane mouchetée très lacunaire, tranches rouges. Dos à 5 nerfs, caissons estampés a chaud de fleurons encadrés d'étoiles et de liserés perlés. Titre estampé à chaud "VARIA OPER AUG ALA LUCANI".

    PROVENANCE

    Anc. cote de Saint-Bertin au premier f., ex-libris armorié de Mommelin le Riche (78e abbé, 1706 à 1723), au contre-plat sup. Guillaume De Whitte, un des archivistes de Saint-Bertin, a indiqué son nom suivit de la date de 1610, au f. 107v. Sa main se retrouve dans les marges des ff 33 et 112 où il a inscrit un verset du Psaume 113 (115) : "Non nobis domine non nobis, sed nomine tuo ad gloriam, soit "Non pas à nous Seigneur, non pas à nous, Mais à Ton Nom".

Bibliographie

  • André Boutemy, « Un trésor injustement oublié: les manuscrits enluminés du nord de la France (période pré-gothique) », Scriptorium, 3, 1949

Sources des données