Paris. Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 167

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  • Titre attesté :
    • Bible moralisée
  • Autre forme de la cote :
    • PARIS. Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, fr. 00167
    • Paris. Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Français 167
    • PARIS, Bibliothèque nationale de France, Manuscrits, fr. 00167
    • Paris. BnF, Français 167
  • Conservé à : Paris. Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits
  • Date de fabrication :
  • Lieu de fabrication :
  • Écriture :
    • Écriture gothique.
  • Décoration :
    • Décoration:
      Le manuscrit, qualifié dans les inventaires de « Bible toutte historiee » (voir infra Historique), accorde, à l’exemple des autres Bibles moralisées, une très grande importance aux illustrations accostées de courts extraits bibliques et de leurs commentaires. Les images sont au nombre de 5152. Des sept Bibles moralisées totalement illustrées, le ms. Français 167 est le seul qui ait subsisté dans son intégralité (Lowden 2000, I, p. 221. Il a été copié sur la Bible moralisée conservée à la British Library, ms. Addit. 18719 (Lowden 2000, I, p. 225-230 sur la mise en page des deux copie) et a servi, lui-même, de modèle pour l’exécution du ms. BnF, Français 166.
      La mise en page de cette Bible du XIVe siècle rappelle celle des Bibles moralisées du XIIIe siècle. Les images ne sont, cependant, pas des médaillons, mais des vignettes. Chaque page comporte huit leçons, passages scripturaires et courts commentaires, chacune étant illustrée par une image portant l’une sur le sens littéral, l’autre sur le sens spirituel. Elles se lisent de haut en bas à gauche, puis de haut en bas à droite. Ainsi, sur chaque feuillet quatre dessins en grisaille rehaussés de couleur, à encadrement architectural, alternent avec quatre dessins à cadre polylobé correspondant au commentaire (Christe – Besseyre 2011, p. 38-39).
      Le volume, destiné sans doute à Jean le Bon (voir infra Historique), a été exécuté vers le milieu du XIVe siècle, vers 1349-1352. Sous une apparente homogénéité de style, l’illustration reflète une grande diversité de mains. François Avril y a distingué une quinzaine d’artistes répartis en deux groupes. Le premier est marqué par l’influence de Jean Pucelle et les artistes sortent peut-être de son atelier (voir f. 13-24, 53, 55, 62, 64). L’un d’eux serait le second enlumineur de la Bible de Montpellier (Bibl. de la Faculté de médecine, ms. 195). Les artistes du deuxième groupe présentent un état plus évolué de ce style, proches d’un certain naturalisme, voire de la caricature. Deux artistes se distinguent notamment parmi eux : le Maître du Remède de Fortune (BnF, Français 1586) et un enlumineur de souche peut-être flamande ou néerlandaise, à qui l’on doit l’illustration de deux exemplaires du Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville (New York, Pierpont Morgan Libr., ms. M. 772 et Munich, Staatsbibliothek, Cod. Gall. 30) : voir Fastes du gothique, p. 319-321, cat. 272.
      Les comptes dans lesquels il est question de la Bible historiée de Jean le Bon donnent le nom d’un enlumineur d’attache parisienne, Jean de Montmartre, comme maître d’œuvre : « … A Jehan de Montmartre pour emploier et convertir en la façon d’une Bible que il fit faire pour monsieur le duc… » (Arch. nat, KK 7, f. 12v, d’après Rouse 2000, II, p. 78).
      F. Avril, puis J. Lowden ont mis en évidence le cahier comme unité de travail des enlumineurs. À l'exception de 4 cahiers, illustrés par la même main ( II (ff. 13-24) : artiste D ; XVI (ff. 186-197) : artiste A ; XX (ff. 234-245) : artiste C ; XXVI (ff. 306-319) : artiste C), plusieurs artistes ont généralement contribué à la décoration d'un même cahier, chaque peintre se voyant attribuer un ou plusieurs bifolia. Dans certains cas (f. 56v), on distingue sur le même f. jusqu’à trois mains différentes (G, B, L).
      Examen stylistique du volume d’après F. Avril 1973, p. 100-114 :
      Artiste A (enlumineur duJeu des Échecs moralisés : Pierpont Morgan Library, ms. Glazier 52) : f. 1, 2, 3, 4, 9, 10r, 11, 12, 66, 68, 73, 75, 78, 80, 82, 83, 85, 87, 91, 94, 95, 98, 131, 132, 186-197, 210-212, 215, 216, 219-221, 262-265, 272, 273, 278, 279.
      Artiste B : f. 5, 8, 38, 40, 41, 48, 49, 51.
      Artiste C : f. 6, 7 (en partie), 10v, 33r (II, 1 et 2), 37, 44, 52, 56v (II, 1 et 3), 65, 69, 72, 76, 90, 99, 103, 115, 116, 118-121, 123, 124, 128-135, 153-158, 163, 164, 171, 172, 179, 180, 200, 203, 204, 207, 222-225, 230-233, 234-245, 246-249, 254-257, 259-261, 266-268, 270, 271, 274-277, 280-282, 284, 286-289, 291, 293, 294, 297-302, 305, 306-319, 320, 321.
      Artiste D (le plus proche de Pucelle ; Bible de Montpellier (Faculté de médecine, ms. 195) ; Bréviaire franciscain, ms. 75 de la Pierpont Morgan Library ; Bible dite de la reine Christine, Stockholm, Bibl. royale, ms. A. 165) : f. 13-24 (cahier II), 92r (I, 3, et II, 1 et 3), 92v (I, 1 et 2, II, 1 et 2), 97r (I, 1 et 3, et II, 1 et 3), 97v (I, 1 et 3, II, 1 et 3), 127, 136, 152, 159, 162, 166, 169, 173, 174, 185, 283, 292, 295, 296, 303, 304.
      Artiste E : f. 25, 29, 32, 36 (sauf I, 3 et 4 du recto dus à L).
      Artiste F : f. 27, 30, 31, 34, 35, 140, 147, 167, 168, 176r.
      Artiste G : f. 28r, 33r (I, 1-3), 42, 43, 46, 47, 54, 56 (sauf 56v, II, 1-4), 61, 63, 67, 70, 71, 74, 77, 79, 81, 84, 88, 89, 92r (I, 1, 2 et 4), 97v (I, 2 et 4, et II, 2 et 4), 100, 101, 104, 109, 112, 114 ( ?), 141 ( ?), 142 ( ?), 145 ( ?), 146 ( ?), 148 ( ?), 150, 161).
      Artiste H : f. 28v, 33r (I, 4, et II, 3 et 4), 33v, 96.
      Artiste I : f. 39, 50, 105-108, 151, 160 199r (I, 1-4).
      Artiste J : f. 53, 55, 62r, 62v (I, 3 et 4, II, 4), 64, 117, 122, 143, 144).
      Artiste K (enlumineur de deux exemplaires du Pèlerinage de vie humaine de Guilaume de Digulleville ; New York, Pierpont Morgan Library, ms. 772 et Munich, Staatsbibliothek, cod. Gall. 30, à partir du f. 16) : f. 7r (I, 1 et 3), 7v (I, 1), 26r (II, 1-4), 57, 59, 60, 77r (II, 1 et 2)102, 111, 126, 137, 138, 149.
      Artiste L: f. 2v (I, 4), 7r (I, 2), 36r (I, 3 et 4), 41r (II, 2), 48r (I, 2), 49r (I, 2), 49v (I, 2, et II, 1-4), 56v (II, 2 et 4), 64v (II, 4), 113, 175r (I, 2), 175v, 184, 213, 218, 226-229, 279v (I, 4), 290r (I, 2).
      Artiste M (collaboration à l’illustration d’un exemplaire du Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville : Paris, BnF, ms. Français 1645) : f. 62v (I, 1 et 2, II, 1-3).
      Artiste N (collaboration à l’illustration d’un Missel de Saint-Denis : Londres, Victoria et Albert Museum, ms. 1546-1891 ; Oeuvres poétiques de Guillaume de Machaut : Paris, BnF, ms. Français 1586 ; Pontifical de Senlis : Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, ms. 148 ; Bréviaire : Paris, BnF, ms. NAL 887) : f. 285, 290.
      Artiste O : f. 165, 170, 176, 177, 182, 183, 198, 202, 205, 209, 214, 217. Un disciple de O a illustré les f. 178, 181, 201, 206, 250-253.
      Dans la seconde moitié du XIVe siècle, le manuscrit, gravement endommagé par l’humidité, notamment dans les marges intérieures et supérieures des soixante premiers feuillets, a fait l’objet d’une habile restauration. La colonne gauche du texte au recto et les illustrations de la colonne de droite au verso de chaque feuillet ont été partiellement refaites (Avril 1973, p. 96-98 ; Lowden 2000, I, p. 236-240). La restauration des grisailles, que l’on peut dater des années 1370-1375, est l’œuvre d’un enlumineur de Charles V, le Maître de la grisaille du Couronnement de Charles VI (cf. Français 2813).
      Décoration secondaire :
      Initiales ornées de vignettes (2 à 4 lignes), à prolongement marginaux, au début des différents livres, à l’exception du Livre de Ruth (f. 62).
      Initiale ornée d’une tête de dragon aux ff. 46v (Livre de Josué), 221v (Prophétie de Zacharie)
      Initiales filigranées (2 à 4 lignes) or au début du texte en latin ; bleues (au début des versets et de la traduction en français.
      Bouts de ligne bleus et or.
      Toutes les enluminures de ce manuscrit ont été décrites et indexées dans la base Mandragore.
  • Support : parchemin / Parchemin
  • Aspects codicologiques :
    • 26 cahiers de 12 f., à l’exception des 4e et 26e cahiers, et du bifolium final : 112 (f. 1-12), 212 (f. 13-24), 312 (f. 25-36), 416 (f. 37-52), 512 (f. 53-64), 612 (f. 65-76), 712 (f. 77-88), 812 (f. 89-100), 912 (f. 101-112), f. 113 ajouté (fin du Livre de Job, f. 113v blanc), 1012 (f. 114-125), 1112 (f. 126-137), 1212 (f. 138-149), 1312 (f. 150-161), 1412 (f. 162-173), 1512 (f. 174-185), 1612 (f. 186-197), 1712 (f. 198-209), 1812 (f. 210-221), 1912 (f. 222-233), 2012 (f. 234-245), 2112 (f. 246-257), 2212 (f. 258-269), 2312 (ff. 270-281), 2412 (f. 282-293), 2512 (f. 294-305), 2614 (f. 306-319), f. 320-321.
      La composition du ms. et l’ordonnance des cahiers reflètent celle du ms. Addit. 18719 qui lui servit de modèle et qui, à l’exception d’un premier cahier de 16 f., est formé de senions. Comme dans le ms. Addit. 18719, le Psautier commence au début du 10e cahier, ce qui explique l’insertion du f. 113. Le 4e cahier a été formé de 8 bifeuillets afin de retrouver la pagination exacte du ms. de la British Library.
      Réclames apparentes à la fin des cahiers 2, 5 et 9. F. 12 (fin du 1er cahier) : indication de la réclame à la mine de plomb. – Numérotation en chiffres romains apparente pour les cahiers : 7-8, 11-26. – Feuillets signés de a à z pour les 25 premiers cahiers ; de aa à bb pour le 26e cahier et le bifolium final. – Titres courants en lettres filigranées alternativement or et bleues. Erreur de numérotation au f. 72v (2e Livre des Rois). – Foliotation moderne. – F. 57 coupé dans sa bordure inférieure. F. 113v blanc. F. 221v justifié et blanc.
      John Lowden évoque l’éventualité d’une page frontispice à l’origine, feuillet isolée ou faisant partie d’un bifolium, semblable à celle du ms. Français 166, pour lequel le ms. Français 167 servit de modèle.
      Mise en page : voir supra Décoration.
      De même que dans le ms. BL. Addit. 18719, les médaillons des Bibles moralisées du XIIIe siècle sont devenus rectangulaires, mais chaque page est divisée en quatre colonnes égales. Afin de faire tenir sur le même f. texte latin et traduction française, sans changer le nombre des feuillets, le copiste a choisi une écriture de module inférieur, laissant subsister des zones blanches sur la page.
      Composition soignée : alignement du début du texte latin sur le bord supérieur de l’image correspondante. Bouts de ligne à la fin de chaque verset ou commentaire des deux langues. Espace entre le texte latin et la traduction française, en facilitant la lecture (Lowden 2000, I, p. 227-229.
    • Paris. ; 322 f. précédés de 3 gardes parchemin, suivis d’1 garde parchemin , 410 x 290 mm (double justification : 290 x 200 mm).
  • Réglure :
    • Réglure à l’encre brune
  • Reliure :
    • Reliure aux armes royales XVIIIe s. sur les plats.Titre au dos : « BIBLE HISTORI. LAT ET FRAN AC FIG. ».
  • Estampille :
    • Aux f. 1 et 321v, estampille de la « BIBLIOTHECAE REGIAE » (Ancien Régime) correspondant au modèle Josserand-Bruno type A, fig. 1

Manifeste IIIF

Présentation du contenu

Source des données : BnF Archives et manuscrits


  • F. 1-321. [Bible moralisée].
    F. 1ra-17vb. Liber Genesis ». – F. 18ra-28vb. Liber Exodi. – F. 28vb-33ra. Liber Leviticus ». – F. 33rb-42ra. Liber numeri. – F. 42rb-46vb. Liber Deuteronomii ». – F. 46vb-52ra. LiberJosue. – F. 52rb-61va. Liber Judicum. – F. 62ra-63va. Liber Ruth. – F. 63vb-72vb. Liber .I. Regum ». – F. 73ra-80va. « Liber .II. Regum ». – F. 80vb-86vb. « Liber .III. Regum ». – F. 87ra-92va. « Liber .IIII. Regum ». – F. 92va-94ra. [Liber Esdrae I]. – F. 94rb-98vb. Liber Tobiae ». – F. 98vb-100rb. Liber Judith. – F. 100va-102rb. Liber Hester. – F. 102va-113rb. Liber Job. – F. 113va-132va. Liber Psalmorum. « Incipit Psalterium (rubr.) ». – F. 132va-143va. Liber proverbiorum. – F. 143vb-145va. Liber Ecclesiastes. – F. 145vb-159rb. Canticum canticorum. – F. 159va. Liber sapientiae. – F. 160vb-161ra. Liber Ecclesiastici. – F. 161rb-177va. Prophetia Isaiae. – F. 177vb-204ra. Prophetia Jeremiae. – F. 204rb-214va. Prophetia Ezechielis. – F. 214vb-219va. Prophetia Danielis. – F. 219vb. Prophetia Osee. – F. 219vb. Prophetia Johel. – F. 220ra. Prophetia Amos. – F. 220ra. Prophetia Abdiae. – F. 220ra-221rb. Prophetia Jonae. – F. 221rb. Prophetia Nahum. – F. 221va. Prophetia Habacuc. – F. 221va. Prophetia Sophoniae. – F. 221vb. Prophetia Aggaei. – F. 221vb-224ra. Prophetia Zachariae ». – F. 224ra-va. Prophetia Malachiae. – F. 224vb-241ra. « Liber Machabeorum I, II ». – F. 241rb-273ra. Evangelia. – F. 273rb-291ra. Actus apostolorum. – F. 291rb-302ra. Epistole beati Pauli apostoli. – F. 302rb-321ra. Apocalypsis beati Johannis.

Source des données : Jonas

  • Anonyme | Bible moralisée
    Incipit référence de l'oeuvre : La sainte Escripture se peut raisonnablement par quatre manieres exposer

Texte du manuscrit

Source des données : Europeana regia

Bible [français, latin].

  • Œuvre associée : Bible

Intervenants

Autres intervenants

  • Jean II le Bon (1319-1364) ( Commanditaire ) : probable (Source : Jonas)

Anciens possesseurs

Anciennement dans

Historique de la conservation

Source des données : BnF Archives et manuscrits


  • P. Durrieu a daté le ms. Français 167 de la fin du XIV e siècle-début XV e (Durrieu 1895, p. 103 et 114-118). Cette datation a été reprise par J. Porcher (Porcher 1955, p. 73, cat. 147). L'étude de l'illustration et l'identification des artistes ont permis à François Avril d'attribuer au ms. une date bien antérieure (1350-1355) : voir Avril 1973, p. 94-125. En outre, l'exécution de la Bible est mentionnée dans des quittances de 1349 .L'ouvrage fut commencé pour le dauphin Jean, duc de Normandie, futur Jean le Bon, avant son couronnement et fut complété peu après. Entre février et novembre 1349, Jean de Montmartre, enlumineur, reçut 320 l. pour « emploier et convertir a la façon d’une Bible que il faut faire pour monsieur le duc... » (Rouse 2000, II, p. 78). L'artiste fut chargé de la reliure d'une Bible en 1351, ainsi que l’attestent d’autres quittances reçues pour « une aulne de velluau ouvré a or, … pour couvrir les ays de la Bible du roy », « pour .II. aulnes et demie de fin camocas d’oultremer et .II. aulnes et demie de cendal azuré, des larges… pour faire chemise a ladicte Bible ». En 1353, lui fut acquittée « la garnison d’argent a .I. grant estuy de cuir pour mettre et porter la grant Bible du roy, et la garnison d’un grant tissu de soye a faire courroye pour mettre autour dudict estuy… » (cité par Lowden 2000, I, p. 249).
    Le ms. BnF, Français 167 a longtemps été identifié à la "Bible historiee" aux armes de la reine Jeanne de Bourbon, mentionnée à l'article 1 du récolement de la librairie en 1380 [inv. A ] (Avril – Lafaurie1968, n° 165) : « Une Bible historiee grant, en un volume, et est en françois a .IIII. fermoers d’argent des armes de la royne de Bourbon, couverte de cuir rouge a empraintes » (BnF, Français 2700, f. 3, n° 1).
    Depuis les études de P. De Winter (De Winter 1985, cat. n° 40) et de J. Lowden (Lowden 2000, p. 221-250), les historiens sont moins affirmatifs sur l'identification du ms. Français 167 à la bible A 1 de la Librairie deCharles V. L'emploi des deux langues, latin et français, dans le texte de la bible semble notamment infirmer cette hypothèse. Le ms. serait plutôt identifiable à un autre article de la Librairie du Louvre, la Bible B 256 : « La tres belle Bible toutte hystoriee, que fist faire le roi Jehan, couverte de drap d'or a Agnus Dei » (inv. 1380, ms. BnF, Baluze 397, B 256).
    La Bible B 256 sortit avant 1391 du donjon de Vincennes où elle était conservée : elle n'est plus mentionnée dans les inventaires postérieurs des collections royales. Ellepourrait avoir été prêtée ou offerte par le roi Charles VI à son oncle Philippe le Hardi pour l’exécution d’une autre bible moralisée, le ms. BnF, Français 166. Elle n’est pas davantage citée dans l’inventaire de la librairie de Bourgogne de 1404 : pour P. de Winter, le volume se trouvait à cette date dans la maison de Jean Durant, au cloître Notre-Dame, servant de modèle aux frères Limbourg pour la décoration du ms. Français 166.
    Le ms. Français 167 est répertorié dans la Librairie des ducs de Bourgogne, ainsi qu'en témoignent les inventaires de la bibliothèque entre 1420 (inventaire de Jean sans Peur) et 1469 (inventaire de Philippe le Bon) :
    1° inv. de 1420 : « Item ung autre livre nommé la Bible historiee, escripte en parchemin, de lettre de forme, en françois et en latin, a .IIII. colonnes, historiee de blanc et de noir et enluminé d’or et d’asur, en chascun fueillet .XVI. histoires, commançant ou .II.e fueillet : et protulit, et ou derrenier : foris canes ; couverte de cuir rouge marqueté, a quatre fermouers d’argent dorez hachiez » ( CCB V 2016, p.136, art. 3. 89) ;
    2° inv. de 1467 : « Ung autre Bible en parchemin, couverte de satin figuré noir, et clouee de grans clouts dorés, ou est un billet : c’est la belle Bible historiee, commançant au second feullet : et protulit terra, et au dernier feullet : foris canes venefici » (CCB V 2016, p. 215, art. 5. 424).
    L’incipit du deuxième feuillet figure au début du f. 2, l. 1 : « Et protulit terra [lignum faciens…] ». Le f. 321, l. 1 commence par les mots : « Foris canes venefici [et impudici…] ».
    Le volume faisait partie à la fin du XVe siècle de la bibliothèque de Pierre II de Bourbon, comme l’atteste une mention inscrite entre 1488 et 1503 par son secrétaire François Robertet, au f. 322 : « Ce livre de la Bible en latin et en françoys fut au bon duc Phelipes de Bourgongne, deuxiesme de ce nom. Et est a present a son nepveu, filz de sa seur Agnes de Bourgongne, Pierre aussi deuxiesme de ce nom, duc de Bourbonnoys et d’Auvergne, conte de Clermont en Beauvoysis et Fouretz, de la Marche et de Gien, viconte de Carlat et de Murat, seigneur de Beaujeuloys, de Bourbon-Lanceys et d’Annonay, per et chamberier de France, lieutenant et gouverneur du pays de Languedoc. – Robertet ».
    On ne sait si le manuscrit entra dans les collections des Bourbon lors de la succession d’Agnès de Bourgogne (1407-1476), fille de Jean sans Peur, mère de Pierre II de Bourbon, ou s'il fit partie des ouvrages de Jacques d’Armagnac confisqués par Pierre de Beaujeu, lors de l’arrestation du duc de Nemours en 1476. Le même folio porte l’indication des feuillets et peintures que l’on retrouve sur nombre d’ouvrages de Jacques d’Armagnac : « En ce livre a .IIII.C (sic) feuilletz et ystoires .IIM. .V. C .LXXVI » (S. Blackman, The manuscripts and patronage of Jacques d’Armagnac, Duke of Nemours (1433-1477), University of Pittsbourg, 1993, I, p. 30.
    L’ouvrage resta dans la Librairie ducale de Moulins jusqu’en 1523, date à laquelle François Ierconfisqua au profit de la Couronne les biens du connétable Charles III, duc de Bourbon. Le manuscrit figure, en effet, sur l’état du récolement fait le 19 novembre 1523, à Moulins, par un commissaire du roi, Pierre Antoine : « La belle Bible du duc de Bourgogne, garnye de deux fermaus d’argent doré, couverte de drap d’or » (Le Roux de Lincy, « Catalogue de la Bibliothèque des ducs de Bourbon », dans Mélanges de littérature et d’histoire recueillis et publiés pour la Société des bibliophiles françois, Paris, 1850, p.78-79, n° 26): cf. M.-P. Laffitte, « Les ducs de Bourbon et leurs livres d'après les inventaires ».
    Le manuscrit est répertorié dans les inventaires postérieurs de la Bibliothèque royale : inv. de Rigault (1622), n° 1085 ; inv. de Pierre et Jacques Dupuy (1645), n° 517 ; inv. de Nicolas Clément (1682), n° 68292.
    Le Français 167 fut exposé avec les manuscrits les plus précieux de la BnF. à la fin du XIXe siècle (av. 1881), dans la grande galerie de la Bibliothèque nationale, ainsi qu’en témoigne la cote inscrite sur la contregarde : « Exp X-34 » (Bibliothèque nationale, département des Manuscrits, Notice des objets exposés, Paris, 1881, p. 11, n° 34).
    Anciennes cotes inscrites sur le f. 1 : [Rigault II] « mil quatre vints cinq » ; [Dupuy II] 517 ; [Regius] 6829 2.

Bibliographie

  • Europeana Regia, 2010. http://www.europeanaregia.eu/fr.
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