Paris. Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 9384

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  • Titre attesté :
    • Evangelia quattuor [Évangiles dits de Saint-Lupicin].
  • Autre forme de la cote :
    • Département des manuscrits, Latin, 9384
    • Paris. Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 9384
    • Paris. BnF, Latin 9384
  • Conservé à : Paris. Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits
  • Date de fabrication :
  • Lieu de fabrication :
  • Écriture :
    • Écriture onciale à l'encre d'argent pour le texte des Évangiles, caroline pour les préfaces et sommaires; plusieurs mains.
  • Décoration :
    • Incipit en grandes capitales d'or (1). Petites initiales à l'encre d'or non terminées. Espaces laissés vacants pour le décor (grandes initiales et peut-être les portraits ou symboles des évangélistes ?) aux f. 57v, 84 et 85v-86, 134-135v, comme dans Paris, BnF, latin 9383, qui provient du trésor de la cathédrale de Metz.
  • Support : Parch. pourpré, fortement endommagé par l’humidité et en mauvais état
  • Composition :
    • 170 f. à longues lignes
  • Dimensions :
    • 330 × 245 mm (just. 190 x 170 mm).
  • Aspects codicologiques :
    • 24 cahiers, dont 14 composés de 8 f. et 10 de longueur variable [le 1er cahier de 2 f., suite à la perte des 6 premiers f. ; les 6e-7e et 18e-19e cahiers de 6 f. ; les 10e et 13e cahiers de 5 f., suite à la perte d’un f. chacun ; le 11e cahier de 4 f. ; les 15e et 24e cahier de 9 f.]. — Signés en chiffres romains à l'encre rouge-orangé au recto du premier f. de chaque cahier de «II» à «XXIIII»:
      12 (1-2); 28 (3–10), signé « II » (f. 3r); 38 (11–18), signé « III » (f. 11r); 48 (19–26), signé « IIII » (f. 19r); 58 (27–34), signé « V » (f. 27r); 66 (35–40), signé « VI » (f. 35r); 76 (41–46), signé « VII » (f. 41r ); 88 (47–54), signé « VIII » (f. 47r ); 98 (55–62), signé « VIIII » (f. 55r); 105 (63–67), signé « X » (f. 63r); 114 (68–71), signé « XI » (f. 68r); 128 (72–79), signé « XII » (f. 72r); 135 (80–84), signé « XIII » (f. 80r); 148 (85–92), signé « XIIII » (f. 85r); 159 (93–101), signé « XV » (f. 93); 168 (102–109), signé « XVI » (f. 102r); 178 (110–117), signé « XVII » (f.110r); 186 (118–123), signé « XVIII » (f. 118r); 196 (124–129), signé « XVIIII » (f. 124); 208 (130–137), signé « XX » (f. 130r); 218 (138–145), signé « XXI » (f. 138r); 228 (146–153), signé « XXII » (f.146r); 238 (154–161), signé « XXIII » (f. 154r); 249 (162–170), signé « XXIIII » (f. 162r).
    • 170 f. à longues lignes, 330 × 245 mm (just. 190 x 170 mm).
  • Réglure :
    • Réglure très régulière réalisée à la pointe sèche, à raison de 24 lignes rectrices par page pour les 3 premiers cahiers, 30 lignes pour les cahiers 4-11, 34 ou 35 lignes pour les suivants. Réglure parfois imprimée fortement sur le parch. au point de découper l'espace justifié. — Schéma de réglure avec colonnes de justification doubles de manière à délimiter un espace pour les concordances (en mm: 20 | 8 | 120 | 8 | 20).
  • Reliure :
    • Reliure maroquin rouge au chiffre de Louis XVIII signée "REL P LEFEBVRE", train du 17 décembre 1817; cf. BnF, département des Manuscrits, Archives Modernes 624 ; chasses protégées à l’intérieur des plats par un cuir brun décoré d’un motif estampé à froid pastichant des décors utilisés sur les reliures au début du XVIe siècle.
      Plaques d'ivoire d'éléphant (VIe s.): constituées chacune de cinq parties sur chaque plat (370 x 305 mm) et autrefois ornées d'incrustations, les différents éléments s’emboîtent grâce à un système de réglettes et de rainures. — Défet dans le ms. BnF, latin 9488.
      Sur le plat supérieur : sous deux anges volants entourant la croix et une couronne qu’on trouve aussi sur le plat inférieur, Christ barbu tenant le livre, trône entouré des saints Pierre et Paul ; scènes latérales inspirées des Évangiles : à gauche guérison de l’aveugle et du paralytique, à droite guérison de l’hémoroïsse et du possédé, en bas rencontre avec la Samaritaine et résurrection de Lazare.
      Sur le plat inférieur : sous deux anges volants entourant la croix et une couronne, Vierge à l’enfant assise, encadrée de deux anges ; scènes latérales : Annonciation et Visitation à gauche, épreuve de l’eau amère et voyage à Bethléem (plutôt que Fuite en Egypte: on ne voit pas l’enfant Jésus), à droite, entrée du Christ dans Jérusalem en bas. Traces de peintures dans le fond de la croix.
      La bordure externe des feuillets est lisse et était vraisemblablement recouverte par un cadre métallique qui devait être fixé par les clous dont on voit la trace à intervalles plus ou moins réguliers, les bordures internes sont ornées de motifs géométriques (rectangles, croisillons, losanges, etc.) gravés assez grossièrement mais très proches dans le schéma des encadrements de l’ivoire Barberini (Constantinople, 1ère moitié du VIe s.) ; cf. Goupil – Laffitte, 1991, pl. 19 et 20 ; Volbach, 1976, n° 145; Gaborit-Chopin, 2003, n° 10, 13, 14.
      Trous de fixation des éléments décoratifs (clous métalliques, chevilles de bois ou d’ivoire), accidents et manques en particulier sur les plaquettes inférieures et supérieures, restaurations métalliques, de plusieurs époques.
  • Estampille :
    • Estampille de la Bibliothèque royale (1815-1830), modèle proche de Josserand-Bruno, n° 21

Présentation du contenu

Source des données : BnF Archives et manuscrits

  • Texte des quatre évangiles placés dans l’ordre canonique : Matthieu, Marc, Luc et Jean, correspondant à la version vulgate de la Bible, mise au point par saint Jérôme et corrigée à l’époque carolingienne sur l’ordre de Charlemagne. Mais les prologues des évangiles reprennent la version dite des Arguments des évangiles, qui datent du IVe siècle et sont donc plus anciens que la traduction de saint Jérôme, ils ont cependant été intégrés dans de nombreux exemplaires de la Vulgate comme les Évangiles de Saint-Lupicin.
    Les sommaires ont été copiés sans numérotation et il n'y a pas de capitulare evangeliorum. La préface de l’évangile de saint Matthieu et les tables des canons des évangiles manquent en tête du volume, vraisemblablement par lacune matérielle. Il manque aussi quelques feuillets dans le volume.
    Malgré leurs caractéristiques laissant supposer une commande impériale (parch. pourpré, encre d'argent), ces évangiles n'ont jamais été achevés comme l'attestent les feuillets laissés vacants entre chaque Evangile (f. 84r, 85v-86r, 134v, 135r-v, 170v), les lignes sautées au début des textes, ainsi que les initiales manquantes. Les lacunes textuelles initales, exception faite des pertes matérielles, se situent aux endroits où devaient se trouver les incipits, titres, débuts des textes et explicits copiées à l'encre d'or, en capitales pour les uns, en onciales ou minuscules pour les autres. Le ms. conserve quelques petites initiales copiées à l'encre d'or aux f. 26v et 41r-42r exclusivement.
    En raison des doubles pages laissées vierges devant Marc et Jean, il est possible qu'un décor peint ait été envisagé, outre les grandes initiales fréquentes au début de chaque évangile.
    En marge, numérotation des chapitres des sommaires et indication des concordances évangéliques (renvois aux Canons d'Eusèbe, voir Nestle-Aland p. 36*).

    f. 1r-57r. Evangelium secundum Mattheum [Evangile selon Saint Matthieu] : «Liber generationis Iesu Christi filii [1v] David (…) usque ad consummationem saeculi ».

    f. 58r-v. Praefatio Marci (prologus monarchianus) [préface sur Marc; sans titre, le début manque] :« …] et Petri in baptismate (…) praestat, Deus est. » (Stegmüller, I, n° 607 ; éd. Vgww, p. 171-173).
    f. 58v-59r. Capitula in evangelium secundum Marcum [sommaire de l'évangile selon Marc; suite à deux lignes vacantes sans titre, ni numérotation] : « …]e Iohanne baptista et uictu et habitu eiusdem (…) sepultura et resurrectio eius » (De Bruyne, 1914, p. 282-286, type B).
    f. 59v-83v. Evangelium secundum Marcum [Evangile selon Saint Marc; sans titre; 2 lignes vacantes avant le début du texte] : « Iesu Christi filii Dei (…) confirmante sequentibus signis ».

    f. 84r-v. Praefatio Lucae (prologus monarchianus) [préface sur Luc ; sans titre; 2 lignes vacantes ; le début manque ] : « …] arte medicus discipulus apostolorum (…) Deum etsi per singula [… » (Stegmüller, I, n° 620 ; éd. Vgww, p. 269-271).
    f. 85r. Capitula in evangelium secundum Lucam [sommaire de l'évangile selon Luc ; la fin de la préface et le début des capitula manquent suite à la perte d'un f. entre 84 et 85; sans numérotation] : «… ]imilitudo vidue rogantis (…) et resurectio eius et reliqua » (De Bruyne, 1914, p. 288-300, type B).
    f. 86v-134r. Evangelium secundum Lucam [Evangile selon Saint Luc; sans titre, ni début (Quoniam quidem); 7 lignes ont été laissées vacantes] : « …] multi conati sunt (…) et benedicentes Deum »

    f. 136r. Praefatio Iohannis (prologus monarchianus) [préface sur Jean; le début manque] : « …] unus ex discipulis Domini (…) et Deo magisterii doctrina servetur » (Stegmüller, I, n° 624 ; éd. Vgww, p. 485-487).
    f. 136v-137r. Capitula in evangelium secundum Iohannem [sommaire de l'évangile selon Jean; le début manque ; sans numérotation] : « … ] ohannes Iesum videns (…) et Barabba

    assio et sepultura et resurrectio eius » (De Bruyne, 1914, p. 302-310, type B=A).
    f. 137v-170r. Evangelium secundum Iohannem [Evangile selon Saint Jean; le début manque] : «… ] t verbum erat apud Deum (…) eos qui scribendi sunt libros. »

Texte du manuscrit

Source des données : Mandragore

Enluminures et décors

Historique de la conservation

Source des données : BnF Archives et manuscrits

  • Le manuscrit se trouve à la fin du XVIIe siècle dans une église qui a été auparavant un prieuré dépendant du monastère de Condat (c’est-à-dire de Saint-Claude). Ce prieuré avait, d’après Grégoire de Tours dans ses Vitae patrum (PL, LXXI, col. 1011-1016), été fondé au Ve siècle par l’abbé de Condat saint Lupicin (mort en 480). Les diplômes de Charlemagne en faveur de Condat sont des faux, mais on sait que l’abbaye avait des relations avec la dynastie carolingienne. D’ailleurs Carloman, l'oncle de Charlemagne, s'y était retiré. On dit aussi qu’un moine de Condat nommé Mannonus (Mannon de Saint-Oyen), a enrichi la bibliothèque de l'abbaye de manuscrits précieux et été nommé par Charles le Chauve, aux environs de 874, chef de l'école du Palais (voir Turcan-Verkerk, 1999). Rien n’est confirmé et l’histoire du manuscrit au Moyen Âge et surtout les circonstances de son arrivée à Saint-Lupicin et celles qui ont présidé à la fixation des deux diptyques d’ivoire sur la reliure sont totalement inconnues. La première indication sûre est tardive. Elle se trouve dans une lettre adressée sans doute à Dom Ruinart, l’un des savants mauristes de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Dans cette missive datée du 30 septembre 1693, un prêtre de la région appelé Monnier décrit assez précisément le manuscrit et les ivoires, tels qu’il les a vus dans l’église de Saint-Lupicin dans le Jura :
    « (…) Je vis dans ce même endroit une piece d’antiquité qui me paroit digne de la curiosité des savants, et qui seroit mieux placée dans quelque belle bibliotheque que dans une armoire de la sacristie de cette paroisse : c’est un fort beau manuscrit des quatre évangiles sur velin en lettres d’or. C’est un gros volume relié en bois et aux deux couvertures sont attachées deux grandes plaques d’ivoire ou sont gravez en demy relief les principaux miracles de Jesus-Christ. Ceux qui possedent ce thresor le connoissent si peu qu’ils croient vulgairement que c’est l’Apocalypse et c’est ainsy que je l’avois toujours oüy dire jusqu'à ce que je pris soin de le tout feüilleter et je reconnus que c’étoit comme j’ay dit les quatre évangiles complets avec des prologues à la teste de chacun. L’usage qu’on en fait dans cette eglise est de l’exposer à la veneration publique avec les reliques et le considérer comme une chose sainte. Comme je ne suis pas fort habile homme, j’avois peine à le lire parce que l’humidité a noircy le velin et changé l’éclat et la couleur des lectres en beaucoup d’endroits et principalement parce que je ne suis pas habitué à cette sorte de caractères. Ils sont Romains et non gothiques, formez à peu prez comme nos lectres majuscules et capitales, et les mots sont peu ou point separez les uns des autres. Il y a quelques distinctions de versets et de chapitres mais non pas comme ceux de nôtre vulgate (…) » [éd. Develle, dans Annales Francs-comtoises XVII (1905), p. 139-144, de Paris, Bnf, lat. 11777, f. 15-16].
    Dans Le Voyage littéraire de deux religieux Bénédictins..., I, Paris, 1717, p. 174, Dom Edmond Martène et Dom Ursin Durand signalent aussi la présence du manuscrit à Saint-Lupicin :
    « Avant d’entrer à Saint-Claude, nous nous arrêtâmes un moment au village de Saint-Lupicin où ce saint avoit autrefois bâti le célèbre monastère de Laucone dont parle Grégoire de Tours. Ce n’est aujourd’hui qu’un prieuré dépendant de l’abbaye de Saint-Claude. Nous priâmes le curé de nous faire voir son Apocalypse ; c’est ainsi que le vulgaire appelle un ancien ms. des évangiles. Il le fit avec beaucoup d’honnêteté et nous trouvâmes un fort beau livre écrit en lettres unciales d’argent sur vélin de pourpre ou violet dont l’écriture n’avoit guère plus de neuf cents ans. La couverture étoit d’ivoire sur laquelle la vie de Notre Seigneur étoit représentée d’une manière assez grossière (…) ».
    Une demande est adressée en 1794 par la Commission temporaire des Arts à la commune de Lauconne pour que les Évangiles de Saint-Lupicin soient déposés à la Bibliothèque nationale et suite à la délibération du conseil municipal de Saint-Lupicin du 4 fructidor an II (21 août 1794), le manuscrit est acquis par la Bibliothèque nationale le 19 brumaire an IV (10 novembre 1795) ; cf. BnF, département des Manuscrits, Archives Modernes 492, registre des acquisitions du département des Manuscrits an II-an XIV (1793-1805), f. 13-16; Delisle, Cab. des mss., II, p. 13; Castan, 1889, p. 303.

Vie du livre

Sources des données