Paris. Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 11529-11530

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  • Volumes :
  • Titre attesté :
    • Liber glossarum (Livre des gloses, vol. 1-2)
  • Langues : latin
  • Date de fabrication :
  • Lieu de fabrication :
  • Écriture :
    • Écriture minuscule dite ‘ab’ [de Corbie] (les f. 23r-108r de Lat. 11530 sont dans une minuscule cursive, moins formelle que 'ab', mais proche de celle utilisée en chancellerie, de la main d'un copiste formé à l'écriture 'ab') et minuscule caroline de type de Maurdramne (Lat. 11529, f. 1v, 39r-40v, 102v-107; 109-115 ; Lat. 11530, f. 208-246); restaurations postérieures (du début du IXe s. ) en minuscule caroline (Lat. 11529, f. 12-13, 108 et Lat. 11530, f. 17-24, 155). Au moins 15 scribes de niveaux différents ont collaboré: ceux qui utilisent l'écriture ‘ab’ travaillent avant leurs collègues employant la minuscule caroline (fin de cahiers, ajouts de bifol. et réfections); les correcteurs interviennent en caroline passim, et à de rares exceptions en écriture ‘ab’ ; rares notes tironniennes (Lat. 11529, f. 87v). — Titres en onciales mêlées de capitales [voir Ganz, 1990, p. 143, 149, 53-54; CLA 5.611]
  • Décoration :
    • Initiales à l’encre caractéristiques de l’écriture ‘ab’, parfois avec rehauts de couleur rouge et verte et motifs végétaux accompagnés d’oiseaux ; très sobre en comparaison de la copie en provenance de Lorsch (ms. Vaticano, BAV, Pal. lat. 1773),: formes spéciales de certaines majuscules O en forme de losange, forme curieuse de N (?), D en forme de spirale ; quelques formes de capitales « partitionnées » rappelant les inscriptions mérovingiennes [voir Bishop, 1978, p. 72 ; Gasparri 1966, p. 271-272]
  • Aspects codicologiques :
    • 46 quaternions réguliers pour la plupart (sauf cahiers 14, 15 et 46, respectivement de 6, 5 et 6 f.) ; signatures de cahiers conservées : vol. 1 (lat. 11529), cahiers 1-15 signés de « A » à « P », au verso du dernier f. de chaque cahier ; vol. 2 (lat. 11530), cahiers 16-23 signés de « Q » à « Z » au verso, puis cahiers 24-27 signés de « A i » à « D iii » suivis d’un chiffre romain (sauf B, sans n°), au verso ; à partir du cahier 28 et jusqu’à la fin, les signatures sont notées sur le recto du premier f. de chaque cahier , de « E v » à « Y xxii », le dernier cahier n’a plus sa signature d’origine. A ce premier système, a été ajoutée une seconde série de signatures de « II » à « XIII » recouvrant les sign. de « R » à « D iiii » ; enfin, une série de signatures du XVIe s. court sur l’ensemble du second vol. de « A1, 2, 3, 4 » à « hh 1, 2, 3, 4 ».
    • Abbaye Saint-Pierre de Corbie (et Chelles ?).
  • Reliure :
    • Reliure de maroquin rouge au chiffre de Napoléon III, signée OTMANN DUPLANIL, 1853, avec titre au dos: « Glossarium antiquissimum. A-E» (vol. 1) et « Glossarium antiquissimum. F-Z » (vol. 2)

Présentation du contenu

Source des données : BnF Archives et manuscrits

  • Le Lib. gl. est le plus important instrument de travail des savants carolingiens (Ganz, 1991); son premier éditeur, W. M. Lindsay, a divisé les ms. en deux familles: (a) ceux qui dépendent des volumes du scriptorium ‘ab’ ; (b) ms de Lorsch. — (a) La version ‘ab’ se trouvait à Corbie, Fleury, Ratisbonne, St Gall. — (b) la version ‘Lorsch’, nettement meilleure, a été copiée à Milan, Monza, Tours.
    La compilation indique ses sources, notées en marge au moyen de sigles, elles sont parfois en onciale, parfois en minuscule ; on lit quelques signes critiques Θ Z Q, ou encore des points et des signes en forme de feuille, indiquant les endroits nécessitant une recherche plus approfondie (require).
    Parmi ses sources, les œuvres d’Isidore (Etym., nat. rer. etc.) constituent le socle sur lequel sont venus se greffer des extraits d’Augustin, Ambroise, Jérôme, Grégoire le Grand, Eucher, Fulgence, Orose, Eutrope, Placide, divers livres de médecine (Galien Hippocrate, des « medici »), le ‘Physiologus’ et beaucoup de gloses (à Virgile) et glossaires antérieurs.

    Pour la bibliographie complète, voir A. Grondeux (dir.) http://liber-glossarum.linguist.univ-paris-diderot.fr/

Historique de la conservation

Source des données : BnF Archives et manuscrits

  • Ce vaste glossaire, l’ancêtre des dictionnaires encyclopédiques, a été compilé à Saint-Pierre de Corbie sous l’abbatiat d’Adalhard (780-814) sur la demande de Charlemagne à la fin du VIIIe s. Sa réalisation a mobilisé plusieurs équipes de scribes, à Corbie même et vraisemblablement avec le soutient d’autres centres de copie, peut-être les religieuses d'un couvent en région parisienne (Chelles ?), ou bien vers Soissons.

    Le Liber glossarum est l’initiateur d’une longue lignée de développements lexicographiques (le glossaire dit de Salomon, l’Elementarium de Papias, les Derivationes d’Osbern, d’Hugutio, etc.). Son attribution (selon Goetz, 1891, p. 77 ; Corpus Glossariorum Latinorum 5, praef. p. xx; 161 et suivi par Lindsay), à un savant espagnol, Ensilebus, dont le nom n’est attesté par aucune copie du glossaire, qui aurait travaillé entre les années 690 et 750, est maintenant abandonnée. Il constitue le résultat d’un intense travail de dépouillement des sources effectué dans le cercle des savants réunis autour de Charlemagne, avec Alcuin, Pierre de Pise, Paul Diacre, Théodulfe, etc.
    La nouvelle édition, dirigée par A. Grondeux, devrait préciser nombre de points, et notamment le détail des relations entretenues par les deux familles et leurs descendants. [Voir Grondeux, 2009, p. 905-906; von Büren, Etym. ; Huglo, 2001, p. 18-19; Bishop, 1978; CLA 5.611 ; Bischoff, 2007.5 (1972), p. 111 ; 1990, p. 106 n. 93 (= 1986, p. 120 n. 93) ; McGeachy, 1938]

    Une note du XIIIe s. au dernier f. du Lat. 11529 indique qu’il a continué d’être utilisé, quoique confondu avec l’Elementarium de Papias, dont il est en réalité la source principale : (au f. 115v, très effacée: «In memoriali istius libri sive wadimonio et [dicit? …] / Iohannes ewangelista(?); ista continetur. Iste liber est […]/riale prime partis Papii datus a Iacobo cofrat[…] / Iohannes de Rouller(?) clericus cardinalis et tradit (?) hon […]/ thesaurario». L’erreur s’est perpétuée, puisqu’on lit au f. 1v. sous la col. a (s. XVI): «Papias Vocabulista», corrigé par une autre main, qui ajoute: «male» ; du Cange lui-même acheva de rectifier la méprise (f. 1r, cf. infra).

    En raison de l’usure des f. extrêmes du Latin 11529, il paraît certain que le glossaire était déjà scindé en deux volumes inégaux dès sa fabrication. Pourtant, il semble probable que l'archétype du Liber glossarum ait été composé de 3 volumes, car d'une part, le 1er vol. de 115 f. s'achève sur des col. vides à la fin de la lettre E, laissant supposer que le début de la lettre F devait se faire sur un nouveau cahier (le 1er du second volume); d'autre part, au f. 115r (même nombre de f. que le vol. 1), au dessus de la col. centrale où débute la lettre P, le lat. 11530 transmet une observation (en minuscule caroline): «Hic finis secundi», qui pourrait être le souvenir de la tomaison en 3 parties. Malgré le témoignage au XVIIe s. de Charles du Fresne, sieur du Cange (Glossarium mediae et infimae latinitatis, vol. I, éd. L. Favre, 1884, praef., p. xxxii) qui signalait un découpage qui ne correspond pas à celui observé actuellement (vol. 1 couvrant les lettres A à I ; le second volume de I jusqu'à la fin), les ms. ne corroborent pas ses dires. Il s’agit probablement d’une erreur, d'ailleurs difficilement explicable dans la mesure où il avait consulté personnellement le ms. ainsi qu’en témoigne une note probablement de sa main (f. 1r main du XVIIe s., probablement l'écriture de du Cange: «Glossar. vetus scriptum characteribus saxonicis, cuius author Papiam praecessit. floruit vero Papias A.D. 1053 ut autor est Albericus Tuehr (?) ms. C. D. F. »). En revanche, le sieur du Cange nous apprend que les volumes avaient été séparés: le premier volume se trouvait chez Claude Joly (1607 - 1700), chanoine et grand chantre de Notre-Dame de Paris, tandis que le second était à Saint-Germain-des-Prés, portant au f. 1r (s. XVII): «Antiqui glossarii pars secunda». Ainsi, il est probable que de Corbie, l’un alla directement à St-Germain, l’autre entra en possession de C. Joly, qui, comme l’indique une note au f. 1v, l’offrit à cette institution, reformant l’unité du glossaire (f. 1v. d'une main plus récente (datée de 1680): «Ex dono clarissimi et venerabilis viri Claudii Joly Parisiensis Ecclesiae Cantoris et Canonici anno MDCLXXX ». Après la Révolution, il fut remis à la Bibliothèque nationale en 1796 avec le fonds des manuscrits de Saint-Germain-des-Prés.

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