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Source des données : BnF Archives et manuscrits
Ce Bréviaire en deux volumes est cité pour la première fois dans l’inventaire général des joyaux conservé dans les résidences royales de Vincennes, Melun, Saint-Germain en Laye, rédigé entre janvier et mai 1380 à la demande de Charles V. Le ms. se trouvait alors dans le donjon de Vincennes, dans un coffre de la chambre du roi : « Ung tres beau breviaire, tres parfaict, bien escript, tres noblement enluminé et tres richement ystorié, lequel est en deux volumes, et est a l'usaige des Frères Prescheurs, et est appellé le Breviaire de Belleville ; et se commance le premier fueillet du premier volume : et scitote, et du second volume : justice (sic pro justicie) ; et en sont les fueillez par dehors ystoriez a ymages, et sont les fermouers d'argent doré, esmaillez des armes de Belleville, et sont en deux estuiz de cuir bouilly ferrez » (inv. général de 1380 : BnF, ms. Français 2705, art. 3294 ; éd. Labarte 1879, p. 338, art. 3294 ; inv. de 1391 : BnF, ms. Français 21445, f. 104v). L’incipit du début du texte peut être repéré au f. 8 du 1er volume (ms. Latin 10483) : « Et scitote [quoniam mirificavit…] ». À la première ligne du f. 3 du vol. II (ms. Latin 10484), figurent ces mots : « justicie ; [et sperate…] ».La représentation des armes de Belleville sur les fermoirs a incité Léopold Delisle à identifier le premier possesseur du manuscrit à Jeanne de Belleville, épouse de Geoffroy VII de Châteaubriant († 1326), puis d’Olivier IV de Clisson, l’un des seigneurs qui participèrent en 1343 à la rébellion de la Normandie et de la Bretagne contre le roi Philippe VI de Valois , qu'elle épousa en secondes noces après 1330. Le volume formait peut-être une paire avec un autre manuscrit royal conservé aussi à Vincennes, un missel dominicain, dit Missel de Belleville (inv. 1380: Bnf, ms; Français 2705, art. 3300). Le volume reçut sous le roi Charles VI une luxueuse couverture de soie brochée de motifs floraux, ainsi que l’indique l’inventaire des joyaux établi en 1391 : « Item une autre piece de soye d’outremer, royé du long a royes noires, et est ouvree de soye blanche a feuilles de chesne et autres fleurettes, et n’est pas entiere, laquelle contient .III. au[nes] et un quartier largement ». Addition en marge droite : « Rex confitetur habuisse pro copertura Breviarii de Belleville, per litteras datas .X.a octobris .CCC. .IIII.xx .XV( ?), superius in prima parte, fo .CCXV. redditorum » (BnF, ms. Français 23931, f. 108). Une pièce de cendal blanc fut aussi extraite du coffre pour la même reliure : « Item une piece de cendal blanc, qui n’est pas entiere et contient environ .IIII.a et demie. ». Addition en marge gauche : « Rex confitetur habuisse pro forratura repert. Breviarii de Belleville, per litteras datas X.a .CCC. .IIII.xx .XVI. superius in prima parte, fol. .CC. .XV. redditorum » (ibid., f. 108v).Une addition dans la marge du f. 104v de l’inventaire de 1391 indique que le volume fut offert par le roi Charles VI à son gendreRichard II d’Angleterre : « Rex confitetur habuisse dictum Breviare per litteras datas prima octobris .CCC. .IIII.xx .XVII., signatas :" Par le Roy …", qui datus (sic pro datum) fuit regi Angliœ ». Selon une note calligraphiée en lettres cadelées dans les deux volumes par Jean Flamel, secrétaire de Jean de Berry, le successeur de ce dernier, le roi d'AngleterreHenri IV, renvoya le manuscrit au duc Jean de Berry : « Cest breviaire est a l’usaige des Jacobins, et est en deux volumes, dont cest cy, le premier, est nommé le Breviaire de Belleville. Et le donna le roy Charles le .VI.e au roy Richart d’Angleterre. Et quant il fut mort, le roy Henry son successeur l’envoya a son oncle, Jean de Berry, auquel est a present. – Flamel » (ms. Latin 10483, f.444v) ; « Lesquelz deux volumes mondit seigneur a donnez a madame suer Marie de France, sa niepce. – Flamel » (ibid., f. 445). Une note identique apparaît aux f. 1 et 1v du vol. II (Latin 10484) : « C’est le second volume des livres appelez les breviaires de Belleville a l’usaige des Jacobins, lequel est a Jehan, filz de roy de France, duc de Berry et d’Auvergne, conte de Poitou, d’Estampes, de Bouloingne et d’Auvergne. Et lui furent envoyez de Angleterre. – Flamel » (f. 1). « Lesquelz breviaires mondit seigneur a donnez a madame sa suer Marie de France, sa niepce. – Flamel » (f. 1v). Le manuscrit est répertorié dans l’inventaire de la librairie du duc de Berry rédigé en 1413 : « Item d’un Breviere en deux volumes, appellez les Breviere de Belleville, a l’usaige de Jacobins, tres bien et richement historiez, enluminez, declairez en la premiere partie du .III.c XXXVe fueillet du livre desdiz comptes precedens, est deschargié ledit Robinet d’Estampes du premier desdiz volumes pour les causes contenues en la correction faicte sur ladicte partie. Pour ce icy seulement le second desdiz volumes, et au commancement du second fueillet du psautier a escript : justicie et sperate, couvert de drap de soye vert ouvré a bestes estranges, et par-dessus une chemise d’autre drap de soye noir ouvré a fueillaiges de blanc et de bleu, fermans a deux fermoirs d’or esmaillés aux armes de France » (Guiffrey 1894, t. I, p. 254-255, n° 963). On note que les fermoirs n’étaient plus ornés des armes des Belleville. Comme il est indiqué dans l’inventaire de 1413, le volume fut donné par Jean de Berry à sa nièce, Marie de France, prieure du de Saint-Louis de Poissy (1393-1438) : « Dicta duo volumina breviarii in presenti articulo declarati data fuerunt domine Marie de Francia, religiose de Poissiaco, per mandatum domini super penultima parte .LXVIII. folii hujus compoti redditum. Et ideo acquittatur hic dictus Robinetus de presenti volumine » (Guiffrey 1894, I, p. 255).Une mention figurant au ff. 1 et 446v du premier volume (Latin 10483) indique que le manuscrit passa ensuite entre les mains de différentes religieuses du même prieuré appartenant à la famille Jouvenel des Ursins, Marie Jouvenel des Ursins (déjà prieure en 1445), puis ses niècesGuyonne Jouvenel des Ursins, Michèle Jouvenel des Ursins, Claude Jouvenel des Ursins, Marie des Ursins et enfin Antoinette de Ranty : « Ces belles legendes apartiennent a seur Marie Juvenel des Ursins, religieuse en l’eglise de monseigneur saint Loys de Poissy. Et les acheta du couvent, l’an mil .CCCC. cinquante quatre, la somme de six vingtz escus d’or, de laquelle somme monseigneur le patriarche en paia cent, et ladicte seur en paya vingt. Et aveq ce, a fait faire les fermaus de ceste partie, desquielx l’asiete des ymages est de fin or (écriture XVe s.). Une autre main a ajouté : « Lesquelles elle donna a ses nieces, seurs Guionne et Michelle des Ursins, qui les donna a ses nieces, seurs Claude et Marie des Ursins, et ladicte seur Claude demeurant la derniere d’elles toutes les a donneez a son escoliere et belle niece Antoinete de Ranty, apres le decés de laquelle sont demeureez pour estre mises en la memoire d’elles toutes a l’office de prieure. Faict le .XXIII.e d’octobre mil cinq cens cinquante neuf » (écriture XVIe s.). On distingue les armes Jouvenel des Ursins peintes sur les tranches des deux volumes. Le manuscrit entra tardivement dans les collections de la Bibliothèque nationale dont les deux volumes portent l’estampille utilisée entre 1792 et 1802 (Josserand-Bruno, n° 17). Au f. 2 de chaque volume est inscrite la cote du Supplément latin, fonds constitué vers 1820 pour les manuscrits latins acquis après 1744 (date de parution duCatalogus codicum manuscriptorum Bibliothecae regiae ) : cf. Catalogue général des manuscrits latins, nos 8823-8921, Paris, 1997, Introduction, p. IX-XII.
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