Point d'entrée sur le patrimoine écrit du Moyen Âge et de la Renaissance en Occident du VIIIe au XVIIIe siècle
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Source des données : BnF Archives et manuscrits
Le texte présente des lacunes, suite à des pertes de f.; les l'incipit du début et les explicits témoignent de particularités irlandaises, comme l'utilisation de caractères grecs mêlés aux latins. D’une part, on trouve le mot finit à la place d'explicit attendu, mais ce symptôme, présent ailleurs sous la plume des Irlandais semble avoir une origine italienne ; l’usage en aurait été adopté par les scriptoria irlandais. De ce point de vue, il est intéressant de noter que l’un des plus anciens témoins de l’Ars grammatica de Priscien (St-Gall, SB, 903, fin VIIIe ou début IXe s., provenant de Vérone) porte par endroits le mot finit mis pour explicitus. D’autre part, les représentations des symboles des évangélistes pointent un modèle clairement méditerranéen. L'identité de l'archétype se précise encore à la lecture d'un colophon au f. 222v, qui prouve qu’il y a eu dans la chaîne des copies un modèle provenant du sud de l'Italie, peut-être Naples (où se trouvait le monastère d'Eugippius), à travers un ou plusieurs intermédiaires (?). Le texte présente une version hybride de la Vetus latina et de la Vulgate comportant des variantes propres à la tradition irlandaise (voir McNamara 1995). La présence de caractéristiques textuelles italo-Northumbriennes dans cette copie pourrait remonter à un modèle italien ayant transité par le nord de l'Angleterre (?) ; voir Epersberger, 2000, p. 110. Quelques marginalia (comblant lacune de texte ou donnant des variantes de lectures) voir éd. de McNamara, 1990, p. 38-100 ; quelques gloses latines et, en moindre quantité, vernaculaires (germanique, sur la langue de la quelle les spécialistes ne s'accordent pas : ancien anglais ou ancien haut allemand? « begine», glose « incipientes » (f. 194r) ; voir Muller, 1985 ; Ó Cróinín, 1999 ; Glaser - Moulin-Fankhänel, 1999).
Evangelia quattuor. Texte mixte (Vetus latina et Vulgate), avec prologues, préfaces et sommaires ; en marge des Évangiles, numérotation des chapitres des sommaires à l'encre rouge et indication des concordances évangéliques à l'encre noire (renvois aux Canons d'Eusèbe, voir Nestle-Aland p. 36*). f. 1ra-2vb. HIERONYMUS, Epistula ad Damasum [lettre de Jérôme au pape Damase] : « Orditur prologus canonum IIII evangeliorum decim minutatim distinctorum. Beatissimo papae Damasso Hironi(mus) salutem. Novum opus facere me cogis (…) vel vicina dixerunt.Opto ut in Christo valeas et memineris mei papa beatissime. Finit prologus ». (Stegmüller, I, n° 595 ; éd. Vgww, p. 1-4). f. 2vb-13v. Canones Eusebii [Canons d'Eusèbe en 13 tables ; arrangés de manière inhabituelle, cf. détail chez McGurk, 1961, p. 60-61] : «Incipit primus canon in quo quattuor concordant (…) Explicit canon X in quo Io. propriae(éd. Vgww, p. 7-10).
f. 13va-15vb. Capitula in evangelium secundum Mattheum I-LXIIII (+ 14 cap. sans n°) [sommaire de l'Evangile selon Matthieu; les n° rubriqués ont été omis au f. 15v] : « Incipit brevis enumeratio evang(elii) Mat. I. Nativitas Christi in Bethlem Iudæ (…) et de doctrina eius et baptismo. Finit capitulatio evang(elii) Mathei» (De Bruyne, 1914, p. + type). f. 15vb-16vb. Interpretationes nominum Hebraicorum [un des onze témoins de listes d'Interpretationes abrégées remontant à une source commune, sous l'influence des interprétations de Jérôme, d'Eucher de Lyon et d'un glossaire ancien non identifié (Szerwiniack, 1994; cf. aussi De Bruyne, 1920, p. 188-191). Il s'agit d'une liste de tradition différente de celle présente dans les Paris, BnF, Lat. 268 et 11959 (voir ces notices)] : « Incipit interpraetatio. Cata Matheum hebreorum nominum atque verborum interpraetatioBartholomeus (…) Zaccheus: iustificatus sive iustificandus.Explicit interpraetatio nominum eb(reorum) » (cf. Stegmüller, VII, n° 10235 ; éd. Szerwiniack, 1994, p. 228 et suiv., ms. siglé E). f. 16vb-17rb. Praefatio Matthei (prologus monarchianus) [préface sur Matthieu] : « Item nunc argumentum Mathei incipit. Mattheus ex Iudaea sicut in ordine primus ponitur (…) quaerentibus non tacere. Φinit argumentum evangeli Matthei ». (Stegmüller, I, n° 590 ; éd. Vgww, p. 15-17). f. 18v. Symbole de Matthieu [homme de face tenant une livre ouvert ; texte encadrant l'homme]: « Imago hominis » ; [sur le livre]: « liber generationis Iesu Christi». f. 19ra-72rb. Evangelium secundum Mattheum [Evangile selon Saint Matthieu; f. 19r: Mt. 1, 18-2, 8, débute avec le mot Chi-rho orné d'entrelacs et s'achève en 19v sur renuntiate mihi ; inversion des fol. 19-22 résultant d'un remontage fautif: restituer f. 20, 19, 22, 21 ; perte d'un f. entre 18v et 19r, avec lacune de texte (Mt. 2, 8–4, 4); le début se trouve au f. 20r] : « [f. 20r] Incipit evangelium secundus [sic] Mattheum. Liber generationis (…) [f. 19r] Christi autem generatio sic erat (…) usque ad consummationem saeculi. [Explicit en minuscules cursives]: « Finit evangelium secundum Mattheum . Amen deo gratias ». [En onciales rubriquées]: « Φinit evangelium secundum Mattheum. XP »
f. 72va-74ra. Capitula in evangelium secundum Marcum I-XLIV [sommaire de l'évangile selon Marc; en 44 capit.] : « Incipit brevis disputatio cata Marcum. Et erat Iohannis baptizans (…) et receptus est in caelis Dominus. Explicit brevis disputatio cata Marcum » (De Bruyne p. 251-255, type I). f. 74ra. Interpretationes nominum Hebraicorum : « Incipit interpraetatio. Cata Matheum hebreorum nomi(num) eiusdem. Abba (…) Paulus: mirabilis sive electus pacificus. » (éd. Szerwiniack op. cit. supra). f. 74ra-vb. Praefatio Marci (prologus monarchianus) [préface sur Marc] : « Incipit argumentum Marci evang(elistae). Marcus evangelista Dei et Petri (…) praestat, Deus est » (Stegmüller, I, n° 607 ; éd. Vgww, p. 171-173). f. 75v. Symbole de Marc [lion dressé sur ses pattes postérieures et tourné vers la droite, regardant la page suivante] : « Imago leonis ». f. 76ra-110ra. Evangelium secundum Marcum [Evangile selon Saint Marc] : « Incipit evangelium secundum Marcum. Initium evangelii Iesu Christi (…) confirmante sequentibus signis. Explicit evangelium secundum Marcum. A. ω. ».
f. 110va-113rb. Capitula in evangelium secundum Lucam I-LXXXV [sommaire de l'Evangile selon Luc] : « Incipit nunc brevis disputatio Luce evang(elistae). Zachariae sacerdoti(…) benedicens eos ascendit in caelis. Explicit brevis disputatio evangelii secundum Lucam » (De Bruyne p. 257-263, type I). f. 113rb-114ra. Interpretationes nominum Hebraicorum : « Incipit interpraetatio nomi(num) eiusdemAgusti (…) Sadducaei: iustificati. Explicit interpraetatio nominum eb(raicorum) » (éd. Szerwiniack op. cit. supra) f. 114ra- 114vb. Praefatio Lucae (prologus monarchianus) [préface sur Luc] : « Incipit argumentum eiusdem. Lucas Syrus natione Anthiocensis (…) quam fastidientibus prodisse. Explicit argumentum secundum Lucam » (Stegmüller, I, n° 620 ; éd. Vgww, p. 269-271). f. 115v. Symbole de Luc [veau (sans corne), dirigé vers la droite, dans un encadrement vermillon] : « Imago vituli ». . f. 116ra-173ra. Evangelium secundum Lucam [Evangile selon Saint Luc] : « Incipit evangelium secundum Lucam. Quoniam quidem multi conati sunt (…) et benedicentes Deum. [Explicit en minuscules cursives]: Finit evangelium secundum Lucam ».
f. 173va-174va. Capitula in evangelium secundum Iohannem I-XXXVI [sommaire de l'évangile selon Jean; en 36 capit.] : « Incipit brevis disputatio kata Iohannem. Iohannis testimonium perhibet (…) pasce oves meas et sequere me. Explicit brevis disputatio evang(elii) Iohannis. (De Bruyne p. 264-268, type I). f. 174va-vb. Interpretationes nominum Hebraicorum : « Incipit interpraetatio nominum eiusdem. Enom (…) Istrahel: princeps cum domino » (éd. Szerwiniack op. cit. supra). f. 174vb-175rb. Praefatio Iohannis (prologus monarchianus) [préface sur Jean] : « Incipit argumentum Iohannis evangelistae. Hic est Iohannes evangelista (…) et Deo magisterii doctrina servetur. Finit argumentum evangeli Iohannis » (Stegmüller, I, n° 624 ; éd. Vgww, p. 485-487). f. 176v. Symbole de Jean [aigle sur ses pattes, tourné vers la droite, dans un encadrement vermillon] : « Imago aquiliae [sic] ». f. 177ra-222va. Evangelium secundum Iohannem [Evangile selon saint Jean] : « Incipit evangelium secundum Iohannem. In principio erat verbum (…) eos qui scribendi sunt libros. Amen deo gratias. » [Explicit en minuscules cursives]: « Finit evangelium secundum Iohannem ». f. 222va. Souscription datée de 558, en minuscules de la même main: « Proemendavi ut potui secundum codicem de bibliotheca Eugipi praespiteri quem ferunt fuisse sancti Hieronimi indictione VI. p(ost) con(sulatum) Basilii v.c. anno septimo decimo » ["J'ai corrigé comme je l'ai pu d'après un livre de la bibliothèque du prêtre Eugippe, qui appartint (dit-on) à saint Jérôme" … ] (trad. Munk Olsen – Petitmengin, 1989, p. 425 et n. 137 «la soucription reproduit celle de son modèle perdu»; cf. Delisle, Cab. des mss. III p. 231 n°8 ; cf. A. Reifferscheid, De latinorum codicum subscriptionibus commentariolum, Bratislava, 1872, p. 5).
f. 223r-v. Ancienne page de garde provenant d'un autre ms., avec trace de colle sur le verso et découpes de fenêtres. Le recto est vierge. f. 223v. Cryptogramme du XVe s., à l'origine caché dans la reliure, de la main de Thomas d'Este. [Il s'agit d'une ligne et demi de texte en haut de la page dont les voyelles ont été remplacées par des chiffres arabes, qui, déchiffrée (a=1, e=2, i=3 etc.), se lit ainsi]: «C4d2x 3st(2) f51t 3n d4m4 t4m1d11 d2 2st2 1n(n)4 d4(min)3 m3(llesim)o q5dr1g2(n)t2s3(m)4 tr3c2s3m4 t2rc34 h4r1 s2xt1 [[p4st]] 3n m2r3d32 » = Codex iste fuit in domo Tomadii de Este anno domini millesimo quadragentesimo tricesimo tercio hora sexta [[post]] in meridie. [Voir Burnett, 1984, p. 301].
Source des données : Europeana regia
Source des données : Mandragore
Son origine est toujours discutée: a-t-il été copié dans le nord de l'Angleterre ou de l'Irlande, voire sur le continent? Ó Cróinín (1982 et 1984) a proposé des arguments en faveur d'une provenance irlandaise (cf. Netzer, 1989), toutefois l'attribution à Lindisfarne demeure l'opinion majoritaire; voir Lowe (CLA 5.578); T. J. Brown, 1960, II, p. 102; Ebersperger, 2000, p. 106-107. Loewe avait envisagé l'alternative qu'il puisse émaner d'un centre sur le continent entretenant d'étroites relations avec le milieu anglo-saxon; hypothèse reprise par Porcher (Expos. Paris, 1954, notice n°23), qui pensait, mais cela est peu vraisembable, que le ms. aurait pu voir le jour à Echternach même (cf. Alexander, 1978, p. 43). S'il est probablement en relation avec la mission d'évangélisation de la Frise par Willibrord (658-739), fondateur d'Echternach, la nature de celle-ci reste imprécise. On a supposé — à tort — qu'il l'apporta de Northumbrie à d'Echternach à ce moment (698 ou peu après), pourtant la date de copie, vers 690, qu'implique ce scénario, peut paraître trop haute. De son côté, Ó Cróinin (1984), rappelle que Willibrord, arrive sur le continent après avoir passé 12 ans à Rath Melsigi en Irlande, et non directement de Northumbrie; il aurait pu recevoir le ms. à ce moment pour sa future fondation (voir Ó Cróinín, 1984 et 1989, p. 193-197 ; Netzer, 1989, p. 205-207). Deux objections de poids s'opposent pourtant à une provenance irlandaise: 1) Willibrord aurait pu apporter le ms. de Lindisfarne lors d'un voyage en Northumbrie fait après la fondation d'Echternach, entre 698 et 705 (voir Netzer, 1989, p. 212);— 2) la préparation du parch. (de mouton) n'est pas du type irlandais habituel (CLA 5.578), mais serait continentale ou northumbrienne (voir T. J. Brown, 1972; Avril —Stirnemann, 1987, p. 3; McKitterick, 1989, p. 399, 424 sq.; Brown, 1989, p. 157-158). Pourtant ce dernier argument n'est pas inconciliable avec l'hypothèse d'Ó Cróinín, car le parch. a pu être importé, dans la mesure où le ms. aurait résulté d'une commande faite par le compatriote et mentor de Willibrord, l'Anglo-Saxon Egbert qui était à cette époque abbé de Rath Melsigi (cf. Nordenfalk, 1977, p. 48). Quoiqu'il en soit, le ms. se trouvait à Echternach au VIIIe s., où il a fortement influencé le décor des Evangiles réalisés ensuite dans cette région: par exemple Trèves, Domschatz, cod. 61; Paris, Bnf, lat. 9382 et 10837 (voir Ebersperger, 2000, p. 107). La question de sa datation comporte aussi des incertitudes liées à la problématique de son origine. Delisle qui ne pensait pas qu'il pu avoir été écrit au VIIe s., l'attribuait «à peine au VIIIe s.» (Cab. des mss. III p. 231), qui est la datation retenue par Berger, 1893, p. 406 «écriture saxonne du VIIIe siècle». — Fischer, 1988-1991, l'estime produit en 690, tandis que McKitterick, 1989, p. 423-426, rappellant tous les éléments du dossier, l'attribue au début du VIIIe s. — Nordenfalk, 1977, p. 48, le situe entre la production du Livre de Durrow (c. 680) et celui de Lindisfarne (c. 700). Malgré tout, un consensus s'est élaboré autour d'une fourchette courant de la dernière décennie du VIIe s. aux premières années du VIIIe s. (CLA 5.578; McGurk, 1961, n° 59, p. 60; Alexander, 1978, p. 42; Ebersperger, 2000, p. 105-106). Deux hypothèses concernant le copiste sont venues se greffer aux considérations liées à l'origine du ms.: la parenté de l'écriture des évangiles de Durham (Cathedral Library, A.II.17) avec celle de notre ms. a entraîné l'attribution des deux mss. à une même main, le « Durham-Echternach calligrapher » ((T. J. Brown, 1960), qui aurait aussi été l’artiste (Bruce-Mitford, 1989). Cette dernière hypothèse seulement nous semble acceptable, le fait étant observé ailleurs (cf. la notice de Paris, Bnf, latin 9332) et les arguments avancés suffisamment convaincants, contrairement à ceux étayant la seconde hypothèse, plus difficilement acceptable (voir Alexander, 1978, p. 43). À propos de son histoire récente en revanche, nous savons avec certitude qu'il a été conservé durant tout le Moyen Âge à Echternach, grâce à la mention Continet caractéristique que porte le ms. (début du XVIe s. voir sur cette question, Falmagne, 2009, p. 218 sqq.): «I.(*) Continet textum 4or evangelistarum cum suis canonibus vel eorum canone » (f. 1r).(*) Le chiffre « I » est noté sur une grattage et renvoie à la cote du catalogue A d'Echternach (Falmagne, 2009, p. 278); elle correspond à la cote « A 3 » de la concordance de 1506-1508 (Falmagne, 2009, p. 257).Il s'y trouvait encore au XVIIIe s., car le volume avait été remarqué par Martène et Durand, 1724, p. 297-298. Puis, passé à Luxembourg suite à la loi du 1er sept. 1796 sur la nationalisation des biens du clergé (voir Laffitte, Exp. Paris, 1989, n° 96, p. 159), il y fut saisi pour être envoyé à Paris par Jean-Baptiste Maugérard et son assitant, le citoyen Ortolany. Il figure sous le n° 44 de la liste originale intitulée « Notice des mss de l'Abbaye d'Epternach que nous avons trouvé tant à la bibliothèque de Luxembourg que dans un grenier » (BnF, département des Manuscrits, Archives Modernes, 497). Cette liste donne la description des 85 mss. saisis après septembre 1802, dont 82 provenaient d'Echternach et 3 d'Orval: «44. + Codex membr. splendidissimus in fol. forma quasi quadrata, canonibus sive concordantiis coloratis insignitius, scriptura saxonica mojore et nitidissima scriptus, continet textum 4 Evangelistarum ; textui Mathaei praefixa est imago hominis coloribus depicta, eodem modo tribus aliis Evangelistis ipsorum imago symbolica coloribus depicta praefixa est. Ad calcem hujus codicis ex omni parte sani et integri legitur ipsum fuisse scriptum anno 558, hoc modo, indictione VI post consulatum Basilii anno 17. — Iste est summi meriti codex quem eruditissimus DD. Caperonier desiderabat.» [Cf. la copie abrégée et modifiée de cette liste, sous le n° 43, publiée par Muller, 2000, p. 56-57 (BnF, Archives Modernes, 495)]Arrivé à la Bibliothèque nationale en octobre 1802, il est coté immédiatement dans le fonds du supplément latin et relié 4 ans plus tard aux armes de Napoléon Ier (par Bozérian jeune?), contrairement à la plupart des autres mss. saisis en sa compagnie, qui ont reçu plusieurs cotes successives et ont été reliés plus de 30 ans après leur arrivée (voir par exemple, la notice de Paris, BnF, latin 10437). Cette différence de traitement tient de toute évidence aux caractères exceptionnels de sa décoration, chef d'œuvre de l'art irlandais.
Son origine est toujours discutée: a-t-il été copié dans le nord de l'Angleterre ou de l'Irlande, voire sur le continent? Ó Cróinín (1982 et 1984) a proposé des arguments en faveur d'une provenance irlandaise (cf. Netzer, 1989), toutefois l'attribution à Lindisfarne demeure l'opinion majoritaire; voir Lowe (CLA 5.578); T. J. Brown, 1960, II, p. 102; Ebersperger, 2000, p. 106-107. Loewe avait envisagé l'alternative qu'il puisse émaner d'un centre sur le continent entretenant d'étroites relations avec le milieu anglo-saxon; hypothèse reprise par Porcher (Expos. Paris, 1954, notice n°23), qui pensait, mais cela est peu vraisembable, que le ms. aurait pu voir le jour à Echternach même (cf. Alexander, 1978, p. 43). S'il est probablement en relation avec la mission d'évangélisation de la Frise par Willibrord (658-739), fondateur d'Echternach, la nature de celle-ci reste imprécise. On a supposé — à tort — qu'il l'apporta de Northumbrie à d'Echternach à ce moment (698 ou peu après), pourtant la date de copie, vers 690, qu'implique ce scénario, peut paraître trop haute. De son côté, Ó Cróinin (1984), rappelle que Willibrord, arrive sur le continent après avoir passé 12 ans à Rath Melsigi en Irlande, et non directement de Northumbrie; il aurait pu recevoir le ms. à ce moment pour sa future fondation (voir Ó Cróinín, 1984 et 1989, p. 193-197 ; Netzer, 1989, p. 205-207). Deux objections de poids s'opposent pourtant à une provenance irlandaise: 1) Willibrord aurait pu apporter le ms. de Lindisfarne lors d'un voyage en Northumbrie fait après la fondation d'Echternach, entre 698 et 705 (voir Netzer, 1989, p. 212);— 2) la préparation du parch. (de mouton) n'est pas du type irlandais habituel (CLA 5.578), mais serait continentale ou northumbrienne (voir T. J. Brown, 1972; Avril —Stirnemann, 1987, p. 3; McKitterick, 1989, p. 399, 424 sq.; Brown, 1989, p. 157-158). Pourtant ce dernier argument n'est pas inconciliable avec l'hypothèse d'Ó Cróinín, car le parch. a pu être importé, dans la mesure où le ms. aurait résulté d'une commande faite par le compatriote et mentor de Willibrord, l'Anglo-Saxon Egbert qui était à cette époque abbé de Rath Melsigi (cf. Nordenfalk, 1977, p. 48). Quoiqu'il en soit, le ms. se trouvait à Echternach au VIIIe s., où il a fortement influencé le décor des Evangiles réalisés ensuite dans cette région: par exemple Trèves, Domschatz, cod. 61; Paris, Bnf, lat. 9382 et 10837 (voir Ebersperger, 2000, p. 107). La question de sa datation comporte aussi des incertitudes liées à la problématique de son origine. Delisle qui ne pensait pas qu'il pu avoir été écrit au VIIe s., l'attribuait «à peine au VIIIe s.» (Cab. des mss. III p. 231), qui est la datation retenue par Berger, 1893, p. 406 «écriture saxonne du VIIIe siècle». — Fischer, 1988-1991, l'estime produit en 690, tandis que McKitterick, 1989, p. 423-426, rappellant tous les éléments du dossier, l'attribue au début du VIIIe s. — Nordenfalk, 1977, p. 48, le situe entre la production du Livre de Durrow (c. 680) et celui de Lindisfarne (c. 700). Malgré tout, un consensus s'est élaboré autour d'une fourchette courant de la dernière décennie du VIIe s. aux premières années du VIIIe s. (CLA 5.578; McGurk, 1961, n° 59, p. 60; Alexander, 1978, p. 42; Ebersperger, 2000, p. 105-106). Deux hypothèses concernant le copiste sont venues se greffer aux considérations liées à l'origine du ms.: la parenté de l'écriture des évangiles de Durham (Cathedral Library, A.II.17) avec celle de notre ms. a entraîné l'attribution des deux mss. à une même main, le « Durham-Echternach calligrapher » ((T. J. Brown, 1960), qui aurait aussi été l’artiste (Bruce-Mitford, 1989). Cette dernière hypothèse seulement nous semble acceptable, le fait étant observé ailleurs (cf. la notice de Paris, Bnf, latin 9332) et les arguments avancés suffisamment convaincants, contrairement à ceux étayant la seconde hypothèse, plus difficilement acceptable (voir Alexander, 1978, p. 43).
À propos de son histoire récente en revanche, nous savons avec certitude qu'il a été conservé durant tout le Moyen Âge à Echternach, grâce à la mention Continet caractéristique que porte le ms. (début du XVIe s. voir sur cette question, Falmagne, 2009, p. 218 sqq.): «I.(*) Continet textum 4or evangelistarum cum suis canonibus vel eorum canone » (f. 1r).(*) Le chiffre « I » est noté sur une grattage et renvoie à la cote du catalogue A d'Echternach (Falmagne, 2009, p. 278); elle correspond à la cote « A 3 » de la concordance de 1506-1508 (Falmagne, 2009, p. 257).Il s'y trouvait encore au XVIIIe s., car le volume avait été remarqué par Martène et Durand, 1724, p. 297-298. Puis, passé à Luxembourg suite à la loi du 1er sept. 1796 sur la nationalisation des biens du clergé (voir Laffitte, Exp. Paris, 1989, n° 96, p. 159), il y fut saisi pour être envoyé à Paris par Jean-Baptiste Maugérard et son assitant, le citoyen Ortolany. Il figure sous le n° 44 de la liste originale intitulée « Notice des mss de l'Abbaye d'Epternach que nous avons trouvé tant à la bibliothèque de Luxembourg que dans un grenier » (BnF, département des Manuscrits, Archives Modernes, 497). Cette liste donne la description des 85 mss. saisis après septembre 1802, dont 82 provenaient d'Echternach et 3 d'Orval: «44. + Codex membr. splendidissimus in fol. forma quasi quadrata, canonibus sive concordantiis coloratis insignitius, scriptura saxonica mojore et nitidissima scriptus, continet textum 4 Evangelistarum ; textui Mathaei praefixa est imago hominis coloribus depicta, eodem modo tribus aliis Evangelistis ipsorum imago symbolica coloribus depicta praefixa est. Ad calcem hujus codicis ex omni parte sani et integri legitur ipsum fuisse scriptum anno 558, hoc modo, indictione VI post consulatum Basilii anno 17. — Iste est summi meriti codex quem eruditissimus DD. Caperonier desiderabat.» [Cf. la copie abrégée et modifiée de cette liste, sous le n° 43, publiée par Muller, 2000, p. 56-57 (BnF, Archives Modernes, 495)]Arrivé à la Bibliothèque nationale en octobre 1802, il est coté immédiatement dans le fonds du supplément latin et relié 4 ans plus tard aux armes de Napoléon Ier (par Bozérian jeune?), contrairement à la plupart des autres mss. saisis en sa compagnie, qui ont reçu plusieurs cotes successives et ont été reliés plus de 30 ans après leur arrivée (voir par exemple, la notice de Paris, BnF, latin 10437). Cette différence de traitement tient de toute évidence aux caractères exceptionnels de sa décoration, chef d'œuvre de l'art irlandais.
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